Relations de travail et communications — On aime ce qu’on connaît

Deux experts Mû en discutent

IQ : Luc-Antoine, je suis sensible à l’idée que l’on aime ce qu’on connaît. Pour illustrer ce postulat, voici trois leçons de vie.

  1. L’allemand. Chaque année, j’allais à la Foire du Livre de Francfort et j’étais apeurée par les sons au point de sursauter à tout bout de champ. De guerre lasse, j’ai décidé de suivre des cours d’allemand pour « comprendre » la langue. J’y ai découvert une mélodie. Et depuis, je n’ai plus peur.
  2.  J’ai 16 ans. Mon ami Jean adore le football et m’incite à écouter un match à la télé. Moi, je n’y vois que des tas de gros garçons qui se rentrent dedans. Il me propose de tout m’expliquer, patiemment, au fur et à mesure. Vous aurez compris que je suis devenue une adepte du football.
  3. Dès que je rencontre quelqu’un, je m’intéresse profondément à ce qu’il me raconte. Je l’amène à me parler de ce qui le passionne. Ça présente trois avantages:
  • je vais droit au meilleur de cette personne ;
  • c’est toujours très intéressant, qu’il s’agisse de psychologie ou de tarte aux pommes et ;
  • si je l’amène à m’apprendre quelque chose qui m’étonne, je m’en souviendrai. Ce qui fait maintenant de moi une réseauteuse experte.

Qu’en dis-tu ?

LAM : Ce que tu fais là, Isabelle, en t’intéressant, en questionnant, en essayant de comprendre, est un signe d’une grande maturité. C’est un truc facile pour permettre à notre cerveau d’apprivoiser les différences et les choses qui, à première vue, nous font peur.

Pareil, pas pareil, c’est comme ça à la base que le cerveau reptilien établit notre sécurité personnelle et relationnelle.

Si c’est pareil — un humain, de la même couleur que moi, d’une taille connue, avec une voix qui ne m’est pas étrangère, et des gestes auxquels je suis habitué —, ça va. Je suis en sécurité. Si ce n’est pas pareil — une bête d’une autre couleur, avec des cheveux étranges et une voix qui m’énerve —, je suis sur mes gardes, je m’inquiète, je ne suis pas bien.

Tout ça de façon totalement inconsciente pour la majorité d’entre nous. C’est l’éducation, l’apprentissage et l’ouverture aux différences qui nous permet d’apprécier toujours davantage de personnes qui, à la base, ne nous inspireraient pas.

IQ : Ne crois-tu pas qu’en entreprise, à défaut de devenir des amis inséparables, on puisse mieux travailler avec un collègue dès lors que l’on comprend sa passion, son savoir-faire, son modus operandi ?

LAM : Oui, et si c’est comme ça pour nous, c’est comme ça pour les autres aussi. Il est donc possible que leurs réactions à notre égard soient motivées par la peur.

Vous savez que vous n’êtes pas dangereux. Mais eux, le savent-ils ?

Comme leader, c’est en grande partie votre responsabilité de créer cette ouverture chez les autres, de créer ce climat de bienveillance qui rassure et qui permet à vos collaborateurs de donner le meilleur d’eux-mêmes. Rester coller à votre comité de gestion et ne pas rencontrer vos collaborateurs potentiels crée des résistances. C’est à vous de vous faire connaître. De rassurer, de vous intéresser à chacun.

IQ : Sans déresponsabiliser chaque membre de l’équipe — ce sont des adultes —, c’est vrai que la qualité de l’information et la collaboration sont encouragées ou non par l’attitude des gestionnaires d’équipe et des patrons. As-tu un exemple dont tu peux nous faire part ?

LAM : J’étais avec un jeune leader cette semaine. À la base timide et introverti, il me disait avoir compris l’importance d’établir des relations saines avec tous ses collaborateurs. « Si je reste dans mon bureau et que personne ne me connaît, comment vais-je pouvoir rassurer, susciter le meilleur chez les gens qui m’entourent ? C’est ma responsabilité en tant que leader de sortir pour voir les gens et m’assurer qu’ils me connaissent. »

Nous avons marché dans l’usine, dans les laboratoires et dans les garages. Chaque fois, il me présentait les équipiers. Tous le connaissent. On sentait qu’ils se sentaient en sécurité avec lui et qu’ils voulaient en donner plus.

IQ : Ici encore, les communications peuvent venir soutenir une saine communication entre les équipiers, entre les chefs d’équipe et les leurs. Les moyens sont innombrables, selon les objectifs qu’on veut servir. Et nul besoin de budgets pharaonesques ! C’est une question de bon vouloir.

On peut, par exemple, raviver l’intranet d’entreprise à l’aide de courtes entrevues filmées dans différents postes de travail, peut-être dans d’autres usines ou ailleurs dans le monde, en afficher une chaque jour, chaque semaine. Ça permet de comprendre enfin ce qu’ils font dans le département ou la ville d’à côté !

On peut profiter du journal interne pour mettre régulièrement en valeur des découvertes faites par les employés, des mises à jour informatiques, des améliorations dans les processus industriels ou toute autre bonification due au bon génie de la boîte !

LAM : Nous ne sommes plus en 1910, la peur ne fait plus avancer les équipiers. Ils ont besoin de faire confiance, de faire confiance aux leaders. De vous faire confiance.

Allez les voir. Apprenez à les connaître et dévoilez-vous un peu. Juste assez pour créer le climat de réussite… pour qu’ils vous aiment !

 

Luc-Antoine Malo. Management collaboratif et participatif. Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ! 

Isabelle Quentin. Direction en stratégie, contenus et produits de communication. Des communications sur mesure en réponse à vos enjeux d’entreprise !

 

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